La marmite > Comité de Jumelage Pluguffan-Llandovery > PLUGUFFAN et LLANDOVERY > La langue bretonne

La langue bretonne

dimanche 17 février 2013


La langue bretonne

Le breton est une langue indo-européenne parlée depuis plus de 1500 ans. C’est une langue celtique spécifique à la Bretagne dont les premiers écrits remontent au IXème siècle. Aujourd’hui 206.000 personnes parlent le breton au quotidien.

L’absence de statut légal et l’exclusion quasi totale de la langue de la vie publique et de l’école jusqu’à très récemment ont conduit à un arrêt de la transmission familiale du breton à partir des années 50. C’est pourquoi l’UNESCO classe le breton parmi les langues en danger sérieux d’extinction.

Une langue celtique

Les linguistes ont coutume de diviser les langues celtiques en deux groupes. Le groupe gaélique comprenant l’irlandais, le gaélique d’Ecosse et le manxois (parlé dans l’île de Man) et le groupe brittonique. Le breton fait partie de ce dernier groupe de même que le gallois (Pays de Galles) et le Cornouaillais (Cornouaille britannique). Comme les autres langues celtiques actuelles, le breton provient historiquement des îles britanniques. Il est également apparenté au gaulois, langue aujourd’hui éteinte qui se parlait au début de notre ère dans une bonne partie de l’Europe occidentale (Belgique, France, Suisse, Nord de l’Italie).

BRETONCORNIQUEGALLOISIRLANDAISGAÉLIQUE ÉCOSSAISMANXFRANÇAIS
ti chi teach teach
taig
thie maison
dour dowr dŵr uisce uisge ushtey ushtey eau
mab map mab mac mac mac fils
penn pen pen ceann ceann kione tête
ki ky ci coo chien
amann amanyn ymenyn im ìm eem beurre
aval aval afal úll ubhal ooyl pomme
amzer amser amser aimsir aimsir emshyr temps
skrivañ scryfa ysgrifennu scríobh sgrìobh screeu écrire
gwenn gwyn gwyn fionn fionn fynn blanc

Une langue aux saveurs multiples

Comme toutes les langues vivantes, le breton n’a eu de cesse d’évoluer au cours de son histoire et il en est encore ainsi de nos jours. Traditionnellement l’on distingue plusieurs dialectes recouvrant plus ou moins les anciennes structures épiscopales (Cornouaille, Tregor, Leon, Vannes). En réalité il serait plus juste de parler d’un groupe occidental regroupant Cornouaille, Leon, Tregor et d’un groupe oriental appelé Vannetais. Les différences dialectales sont peu marquées et concernent surtout l’accent tonique et la prononciation. Le vocabulaire et la grammaire varient peu. En général l’intercompréhension est bonne, voire totale chez les personnes alphabétisées. Du fait de l’écroulement de la pratique traditionelle de la langue (abandon de la transmission familiale) et des bouleversements socio-économiques de la deuxième moitié du XXème siècle, les dialectes sont aujourd’hui en très grande difficulté.

Une langue moderne

Même si, pour la plupart, les locuteurs restent toujours illettrés dans leur langue, il est remarquable que le breton n’ait jamais cessé d’être écrit et de servir de véhicule à l’expression de la pensée humaine sous ses deux formes, orales et écrites. Le breton moderne a été fixé par des grammairiens et des lexicographes d’abord à partir du XVIIème siècle (Père Maunoir) et du XVIIIème (Grégoire de Rostrenen) puis surtout au XIXème et XXème siècle, notamment par le mouvement Gwalarn qui fonde véritablement la littérature moderne de langue bretonne. De nombreux travaux terminologiques ont peu à peu équipé le breton des instruments nécessaires à la communication dans notre société. Petit à petit, grâce à l’effort de tous, une langue standardisée commune s’est développée afin de pouvoir faire face à toutes les situations de communication et être mieux à même de répondre aux enjeux technologiques du monde d’aujourd’hui.

Une situation en demi teinte

Le breton est aujourd’hui dans une situation délicate qui oblige pour la première fois la société bretonne à s’interroger sur l’avenir qu’elle souhaite donner à sa langue propre. L’arrêt presque total de la transmission familiale a provoqué une hémorragie de locuteurs. On est passé de plus d’un million de brittophones au début du XXème siècle à 206.000 cent ans plus tard. Et les chiffres continuent de baisser. Cependant une prise de conscience de la société est aujourd’hui en cours notamment grâce aux actions du mouvement culturel associatif. Le réseau d’école bilingue se développe et les collectivités locales commencent à mettre en place des politiques linguistiques volontaristes afin d’inverser la tendance.

Pluguffan-Pluguen : une action volontariste en faveur du breton.

La commune de Pluguffan-Pluguen a décidé de mettre en œuvre au niveau municipal une politique linguistique qui a pour ambition de développer la présence du breton sur sa commune, son apprentissage et sa pratique.
Notre commune fonde son action sur des principes internationaux tels qu’ils ont été proclamés par l’UNESCO ou le Conseil de l’Europe.
La définition d’une politique linguistique de soutien à la sauvegarde et au développement d’une langue minoritaire trouve sa pertinence si elle est basée sur des valeurs universelles qui traduisent de façon plus large, un attachement à la sauvegarde de l’ensemble des langues du Monde, à des valeurs de tolérance et de respect des différences. Ces principes auxquels nous pouvons adhérer, constituent déjà les préambules de textes internationaux comme la Charte Européenne des
Langues Régionales et Minoritaires ou la Déclaration Universelle des Droits Linguistiques. Ainsi, nous pouvons considérer, comme l’indique ce texte que « l’universalisme doit reposer sur une conception de la diversité linguistique et culturelle qui dépasse à la fois les tendances homogénéisantes et les tendances à l’isolement facteur d’exclusion » 1.

Toutes les langues sont aussi l’expression d’une identité collective et d’une manière distincte de percevoir et de décrire la réalité et de ce fait, elles doivent pouvoir bénéficier des conditions nécessaires pour leur développement dans toutes leurs fonctions 2.

Il est aussi important de défendre le droit à l’égalité entre les langues, quelles que soient le nombre de locuteurs, le statut institutionnel, etc 3. Nier cette égalité reviendrait à nier l’égalité entre les locuteurs de langues différentes et donc à nier l’égalité entre les êtres humains, sur un critère linguistique. Autrement dit, il ne peut y avoir de langues supérieures ou de langues inférieures.

Ensuite, comme le stipule le préambule de la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires, la protection des langues dont certaines risquent de disparaître, contribue à maintenir et à développer les traditions et la richesse culturelle de l’humanité 4.

De même le droit de pratiquer une langue régionale ou minoritaire, dans la vie privée ou publique constitue un droit imprescriptible conformément aux principes contenus dans le pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies et conformément à la convention des droits de l’homme et des libertés fondamentales du Conseil de l’Europe 5.

Enfin, la mise en œuvre d’une politique linguistique efficace ne peut se faire sans que les institutions politiques, locales, régionales ou étatiques, en soient les acteurs privilégiés. Elles ont donc une responsabilité importante mais pas exclusive dans la sauvegarde et le développement des langues régionales ou minoritaires. Rappelons que la majorité des démocraties européennes développent des politiques efficaces de soutien aux langues minoritaires de leur Etat, contrairement à la France, qui refuse de prendre en compte et de protéger sa diversité linguistique.

Une politique concrète de soutien au breton

Depuis 2001, la politique en faveur du breton s’est accentuée à Pluguffan – Pluguen. La mairie a ,en effet, décidé de lancer un programme d’aménagement ambitieux
pour rendre visible la breton au quotidien. Ces actions ont concerné principalement la signalisation par :

- La pose de plaques de rue bilingues,
- La pose d’une signalisation directionnelle bilingue en ce qui concerne les bâtiments publics, la signalisation des zones d’activité,
- La pose d’une signalétique bilingue sur et dans les bâtiments publics,
- La normalisation orthographique des noms de lieux et le remplacement des panneaux de lieux-dits.

Au sein des services municipaux :

- la mise à disposition de public de documents administratifs bilingues (formulaire de réservation de salle, dossier de subvention pour les associations, …),
- message d’attente bilingue
- papier à lettre, enveloppe, carte de visite, tampons,

Dans un second temps, la commune a travaillé sur le champ de l’apprentissage de la langue en prenant l’initiative de créer une filière bilingue breton-français à l’école publique. La première classe a ouvert en septembre 2012 avec 20 enfants.
En 2010, dans le domaine de la signalisation, Pluguffan-Pluguen est l’une des première commune de Bretagne a avoir posé des panneaux de police bilingues, comme des panneaux « Rappel – Bepred », « Zone 30 – Takad 30 », etc.

La commune continue à développer sa politique en faveur du breton en étudiant la mise en œuvre de nouvelles actions en faveur du breton. Pluguffan-Pluguen a reçu le label niveau 3 de la charte « Ya d’ar brezhoneg » mise en place par l’Office Publique de la Langue Bretonne – Ofis Publik ar Brezhoneg.

- 1 Préambule de la Déclaration des Droits Linguistiques, Barcelone, juin 1996.
- 2 Id., Titre premier, article 7, paragraphe 1
- 3 Id.,
- 4 Préambule de la Charte Européenne des Langues Régionales ou Minoritaires, Conseil de l’Europe, 1992
- 5 Id.,

Yannig Menguy

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | La marmite | Espace privé | SPIP | squelette